De longs mois de silences, mille excuses...!

De longs mois de silence occupés à une migration transrégion, à une installation, à une saison de "reconstruction" comme on le dit en Italie. Des semaines sans dessus dessous, mille choses à digérer à la fois, près de l'indigestion même parfois, avec la tête tantôt dans les nuages, tantôt au bord de la noyade !...

Mais me revoici, nous revoilà, enfin posés dans cet endroit maintes fois rêvé, au pied de notre chère montagne que depuis, chaque matin sans omission, nous avons saluée... L'été a vécu, ardent, et nous nous y sommes gorgés de soleil et de grand air, en prévision du long hiver.

Et avec l'été brûlant, les plaisirs d'un lac rafraichissant... Ce lac au fond duquel notre montagne vit son autre vie, et laisse onduler ses rêves immobiles. Images sans dessus dessous, où la tête et les nuages se laissent aller enfin à la noyade, et donnent ainsi naissance, par un étrange jeu de réflexions, à d'inattendues constellations...

Le lac de Carouge

Comment ne pas penser aux beaux masques lorsque l'on songe au Carnaval de Venise ?!...

De jour comme de nuit, sous les rayons du soleil comme à la lumière des réverbères, ils hantent la Sérénissime de leurs silhouettes fantomatiques, parfois inquiétantes, souvent déroutantes... Surchargés de couleurs, noyés d'étoffe, alourdis de colifichets, ils posent et composent au rythme de leurs gestes hors du temps, ralentis, embrumés de rêves et de paillettes.

Aller à Venise et vouloir capter leur âme, à défaut de capter leur être, invisible derrière le masque (homme, femme, jeune, vieux, beau, laid, pauvre, riche, dieu et diable seuls savent qui s'y cache !), signifie y dédier tout son temps, à les pister, les épier, les disputer à tous les autres chasseurs d'images comme autant de carnassiers avides de proies pour leurs objectifs affamés. C'est là le prix à payer... En ce qui nous concerne, nous n'avions finalement pas de temps pour cela, et c'est en courant entre un musée et une chapelle, entre une boutique et une ruelle, que j'ai réussi à subtiliser quelques malheureuses secondes pour capter au vol les quelques miettes d'images que voici...

Rêveries...

Petit souvenir d'hiver alors que le soleil printanier frappe à la porte...! La Table de Marie...

Lorsque l'on est sur la place St Léger, on ne peut pas la rater... Enfin, il faut peut-être être un peu gourmand, gourmet, esthète, tout cela et plus encore à la fois, pour laisser son regard s'accrocher sur la charmante petite vitrine dont les chaleureuses boiseries invitent à y entrer pour cocooner et déguster...

Quoi de mieux qu'une frileuse journée de décembre, entre Noël et le Jour de l'An, pour cela ? Nous y sommes allés avec mes beaux-parents à qui nous faisions découvrir notre future région, attirés par la devanture autant que par l'ardoise qui dehors promettait mille délices à qui passerait la porte pour un petit saut dans un autre temps. Celui de Dame Tartine, celui de Grand-Maman... Celui des dentelles, du thé et des gateaux que l'on mange en gardant ses gants...

La décoration m'a séduite. Impression d'un petit Noël à l'anglaise... Il me tarde d'y retourner faire quelques meilleurs clichés car ceux-ci n'en donnent qu'à peine un avant-goût, et puis... comment laisser passer une bonne occasion d'en profiter pour aller s'y régaler ?

Le Carnavale de Venise 2011, il Carnevale di Venezia... Ah le beau rêve de tant d'années !... Et le voici maintenant réalisé. Mais ne pourrait-on alors pas croire que ce rêve à présent incarné cèderait humblement la place à quelque autre ? Eh bien non, il n'en est rien : ce rêve s'installe, ce rêve s'incruste comme la pierre précieuse que l'on insère dans un bijou. Brillant, châtoyant, comme les eaux de la lagune sous les lumières...

Venise... On y pose les pieds, et l'on n'a plus envie de les en ôter.

Et puis Venise, certes, mais la Venise du Carnavale, qu'en dire ? Le plaisir indicible de cheminer masqué, incognito dans la densité humaine, à l'abri des regards en étant voyeur impénitent : tout regarder sans être "vu". Le bonheur d'habiter nouvellement les habits d'un autre temps que l'on possède déjà, juste assez pour donner la folle envie d'y revenir avec des malles pleines à déborder...!

Peut-être parce qu'à Venise l'eau déborde, justement. Par en haut parfois, par en bas indéniablement, mais Venise sans ses eaux, que serait-elle ?...

Venise qu'à peine quittée on a envie d'aller retrouver.

Les pieds me démangent à l'idée d'aller parcourir bientôt les chemins de montagnes autour de notre nouveau chez nous... Le grand air, les horizons entrecoupés, les paysages à peindre et à rêver...!

En cette fin d'hiver, le soleil se faisait déjà presque printanier, rendant l'air opaque d'une chaleur qui le disputait aux vents frais qui soufflaient encore sur les montagnes...
Nous avons profité de cette belle journée de mars, une amie et moi, pour aller faire quelques pas sur la Bogniette qu'elle souhaitait le faire découvrir, premier panorama sur ces vallées qui vont devenir les nôtres, et sur cette ville, Chambéry, que l'on connaîtra bientôt par coeur, mais que nous apprivoisons encore... 
La Bogniette, c'est cette motte castrale, cette sorte de crâne chauve et coiffé d'un sapin impertinent, que l'on aperçoit par exemple de La Ravoire. Juste à côté de la chapelle du Mont St Michel... Eh bien, si l'on m'avait dit que l'on irait retrouvé un autre Mont Miquelot !... Un pèlerinage s'y imposera en souvenir de celui que nous fîmes à un Mont plus marin...

Mais pour l'heure, la lumière douce s'accorde aux contours suaves et feutrés du paysage... L'envie de s'arrêter pour s'allonger sur l'herbe pelée pour se laisser baigner de soleil et s'y régénérer sous la protection des arbres facétieux qui viennent perturber cet horizon trop lisse...